Non je ne t'aime pas comme on aime une reine
une lointaine fée,irréelle sirène,
personnage de contes, beauté imaginaire
lumière de rêves fous qu'à genoux l'on vénère
Que le poète chante en composant des stances
reflets de sa passion où avec insistance,
sans espérer qu'on l'aime, il redit son amour,
gémissant en ses vers et mêlant tour à tour
dans le chaos fiévreux de ses emportements,
larmes,supplications, cris et chuchotements.
Non je ne t'aimais point dès cet instant précis
dont bien des amoureux nous ont fait le récit,
seconde fatidique et seconde éternelle
où leurs yeux ont croisé le regard de leur belle
pour la première fois; mais non cette fois-là
le destin a voulu que je ne te vois pas.
Mon amour n'est pas né comme naît l'incendie
de l'unique étincelle qui tout à coup grandit,
embrase,tourbillonne, éclate en mille flammes,
vous brûle, vous consumes jusques au fond de l'âme
ce n'est pas la passion orgueilleuse et soudaine
qui pour un simple mot peut se changer en haine;
s'il faut pour le décrire user de métaphore
mettre à contribution les éléments, la flore,
comparons le plutôt à la brise légère,
du souffle imperceptible, mais non point éphémère,
qui traverse les plaines, fait frissonner les blés,
réchauffe avec douceur le coeur qui a tremblé
pendant l'hiver de glace où la bise a sévi
soutient le cerf-volant du garçonnet ravi,
murmure dans les trembles et joue dans les forêts
caresse les roseaux, fredonne sans arrêt,
l'éternelle chanson, la chanson du printemps,
refrain des amoureux depuis l'aube des temps
allez mots capricieux par ma plume rangés
auprès de mon amie en loyaux messagers
ne me trahissez pas au long de ce poème
dites la vérité, vous savez que je l'aime...